Séjourner au Gray Rocks entre 1950 et 2009

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SÉJOURNER AU
GRAY ROCKS entre 1950 et 2009

En ce milieu de vingtième siècle, la société vit en effervescence après les sombres années de la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement d’urbanisation s’accentue, le travail dans les usines et les manufactures est recherché. Dans ce contexte le concept de vacances prend forme. Et quand les gens partent en vacances, ils veulent soit visiter de grandes villes ou au contraire, retrouver la campagne, mais avec une vie de facilité.

Pour répondre à cette dernière demande, l’hôtel effectue dès 1955-1956 une modernisation importante de ses installations en plus d’un agrandissement majeur. Tout en gardant le cachet campagnard et l’accueil des clients, chaleureux et personnalisé, le confort devient une priorité.

Les activités, elles, été comme hiver, s’ajusteront au fur et à mesure de l’avancement du siècle surtout avec la mise en place, dès 1951, des fameuses « semaines de ski ». En 1972, l’hôtel transposera le concept l’été avec les « semaines de tennis », ajoutant ce principe d’apprentissage ou d’entraînement aux séjours de plaisance.

Un autre aspect change la donne à partir des années 1950, les villégiateurs se rendent par leur propre moyen, ils disposent maintenant d’une automobile… de moins en moins de personnes arrivent par le train. En plus de l’aménagement de stationnements, l’hôtellerie se voit confrontée à une fluctuation plus grande, en termes d’arrivées et de départs et à des séjours de longueurs plus variées.

Malgré ces modifications, avec son accueil toujours aussi convivial, son tout inclus déjà dans son éventail de séjours, ses innovations et son site enchanteur, le Gray Rocks sera au sommet de sa réussite dans la seconde moitié du vingtième siècle.

Séjourner pendant l’hiver

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Séjourner pendant l’hiver

Quand le Gray Rocks décide d’ouvrir les portes de son hôtel l’hiver, le défi ne porte pas tant sur les divertissements à offrir en cette froide saison que sur le type de clientèle susceptible de s’y intéresser.  

Cependant, pour certains visiteurs financièrement à l’aise ou adeptes de sports hivernaux, cette nouvelle offre de séjour se présente comme une aventure… Déjà le trajet comporte son lot de péripéties possibles car la distance à parcourir des « États » ou de Montréal à l’hôtel, est longue. Le seul moyen convenable est le train, moyen relativement sûr mais avec la neige… on ne sait jamais!

Pourtant quelle récompense une fois arrivés! Au cœur de paysages enchanteurs, dans la blancheur radieuse d’une neige abondante, ils peuvent expérimenter de multiples activités. Ils peuvent explorer le lac enneigé, la forêt ou les champs environnants en raquettes, en traîneaux à chiens ou sur cette nouvelle invention appelée « skis ». Ils peuvent parfaire leur glisse en patinant sur la patinoire sur le lac, y jouer au hockey ou au ballon balai. Eh! Que dire de la glissade! Nul talent requis, seulement un plaisir assuré et des rires prometteurs.

Ce noyau de sportifs amène peu à peu le Gray Rocks à développer des infrastructures dignes de leurs attentes, entre autres dans le domaine du ski.

Le ski et l’aménagement du Pain de Sucre*

À la fin du XIX° siècle, l’Amérique ne connaît pour marcher dans la neige que l’invention amérindienne : les raquettes. Quand des natifs des pays scandinaves immigrés au Canada, utilisent de longues planches qu’ils appellent des skis, pour glisser sur la neige, ils font vraiment figure d’excentriques! Pourtant l’Europe, dès les années 1890, a été prise d’un engouement sans précédent pour cette nouveauté.

Chez les Wheeler dont l’hôtel est le premier établissement laurentien à ouvrir toute l’année, le fils aîné Tom reçoit une paire de ski à l’hiver 1908 et prend plaisir à explorer champs et forêts du domaine avec quelques clients avant-gardistes. En mars 1916, lui, son jeune frère Harry et quelques clients téméraires, grimpent la montagne Tremblante sur leurs skis et, qui plus est, la dévalent ensuite. C’est une première!

En 1920, le Gray Rocks innove en aménageant une pente sur la montagne derrière l’hôtel pour la pratique de ce tout nouveau sport. En 1932, un allemand, Bill Pauly, y donne les premiers cours de ski jamais prodigués au Québec. La même année, le Gray Rocks construit un refuge en bois rond au sommet du Mont-Tremblant pour les sportifs les plus hardis! Et la progression continue. En 1934, un remonte-pente est installé sur le Pain de sucre : un câble d’acier actionné par un moteur hisse les skieurs au sommet de la pente. Le plaisir sera maintenant axé sur la descente!

En 1938, une école de ski est fondée et, Herman Gadner, en élabore le premier programme de leçons. C’est encore une fois une première de ce côté-ci de l’Atlantique. Ce professionnel formera plusieurs skieurs de calibre international.

Et le progrès ne s’arrête pas là. Le premier T-Bar fait son apparition sur la montagne en 1944… il est rejoint par un premier télésiège au tout début des années 1950. À peu près au même moment où s’élabore l’idée des « semaines de ski ». Un concept qui devient réalité en 1951.

*Nom de la montagne où s’établit le centre de ski.

L’école de ski « Snow Eagle »

Depuis l’ouverture des pentes de ski sur le Pain de Sucre et l’installation du remonte-pente en 1934, et surtout depuis que Bill Pauly, ce moniteur de ski d’origine allemande, a donné ses premières leçons de ski aux clients de l’hôtel Gray Rocks, Harry Wheeler songe à organiser une vraie école de ski comme dans quelques centres européens. Son idée se concrétise quand deux Autrichiens immigrés au Canada acceptent de relever ce défi en 1938. Herman Gadner et Hans Falkner, son cousin, travaillaient déjà comme moniteurs de ski dans les Alpes. Ils transposèrent leur expertise et le nom de leur ancienne école à la nouvelle du Gray Rocks : Snow Eagle Ski School.

Gadner est très prussien, il dirige l’école avec autorité. C’est un athlète discipliné, il ne boit pas et ne fume pas et aimerait que tous ceux qui s’adonnent à un sport soient ainsi.

Avec son cousin, il bâtit une technique personnelle basée sur des mouvements exagérés et de gros transferts de poids. Sa méthode insiste sur le fait de maîtriser une étape avant de travailler l’étape suivante. Le processus d’apprentissage s’avère long mais les gens veulent revenir pour continuer à s’améliorer.

Malheureusement, en 1945, lors d’un voyage de ski à Banff à la fin de la saison, Gadner est enseveli mortellement par une avalanche. Son décès est une grande perte pour l’hôtel et l’école de ski. L’année suivante, on en confie les rênes à Hannes Schneider, puis l’année subséquente à Luggi Foeger, un adepte de la technique Arlberg, fondamentalement différente de celle préconisée par Gadner. Réal Charrette qui est revenu travailler à Gray Rocks après la guerre est son assistant.

Finalement, en 1948, Réal Charrette accède au poste de directeur de la Snow Eagle ski School, rompant avec la tradition des instructeurs européens. C’est le premier Canadien à accéder à un tel poste. Il est à l’origine des « ski weeks » qui fera la renommée du Gray Rocks dans la deuxième moitié du vingtième siècle.

Séjourner pendant l’été

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Séjourner pendant l’été

Comme tous les hôtels laurentiens de l’époque, le Gray Rocks, pendant les deux ou trois premières années de son existence, n’ouvre ses portes que pendant la belle saison. Les premiers amis et clients américains commencent à arriver vers la fin du printemps souvent pour un séjour de pêche. Ils sont suivis par ceux qui veulent profiter du magnifique emplacement au bord du lac pour combler leur rêve de vacances. Finalement, les chasseurs débarquent vers la fin septembre pour une ultime expédition avant la fermeture de l’établissement.

Même quand le Gray Rocks décide d’ouvrir toute l’année un peu avant 1910, le modèle des occupations estivales reste sensiblement pareil. Mais qu’est-ce qui attire donc la clientèle?

L’hébergement

Les amis de la famille qui sont venus avant 1905, constituent le noyau de la clientèle du nouvel hôtel. Maintenant que chacun paie sa quote-part, ils peuvent sans gêne en inviter d’autres à les imiter. Les Wheeler les reçoivent chez eux, dans leur maison, dans leur propriété… comme des amis ou de la famille. Madame fait la cuisine, les enfants aident au service et à d’autres petits travaux. L’ambiance est donc familiale et cordiale, on se retrouve en fin de journée pour prendre un verre, souper ensemble et meubler la soirée de discussions, de musique, de chansons ou d’histoires.

Après 1914, lorsque l’auberge est agrandie à trente-cinq chambres, un peu plus d’employés se greffent à l’équipe familiale. Les Wheeler tiennent cependant à l’atmosphère qu’ils ont développée et considèrent les nouvelles recrues comme faisant partie de leur grande famille. Cet accueil chaleureux se perpétue donc au fil du temps et devient finalement un des grands atouts de l’établissement.

Les activités

Il est certain que les activités aquatiques vont évoluées entre 1906 et 1949. Le bronzage et la baignade ne sont pas l’apanage des gens au début du vingtième siècle. On leur préfère une place confortable sur la grande galerie face au lac d’où l’on peut admirer le paysage et s’adonner à la lecture, à la correspondance, à une partie d’échecs et même faire une petite sieste. Le calme campagnard et le chant des oiseaux modulent les après-midi.

Les personnes plus actives s’entraînent sur les rames des chaloupes ou la pagaie des canots ou apprennent à manœuvrer les voiles.

Quelques décennies plus tard, la baignade et la natation commencent à être au goût du jour. La plage est plus fréquentée autant par les messieurs que les dames et sa popularité s’accélère au fil des années. Le bain de soleil prend de l’importance car il fait bon se réchauffer au sortir du lac surtout que maintenant une peau basanée est un nouveau critère de santé.

La simple chaloupe gagne en vitesse avec l’apparition du moteur, cet engin est à l’origine de plusieurs modifications faites aux embarcations. Le leitmotiv « toujours plus vite » semble déjà dicter les prochaines avancées dans ce domaine.

Le décor enchanteur du lieu invite aussi à la marche. Quant au jeu de croquet, s’il demande habileté et patience, il demeure un moment d’échanges très prisé socialement.

Le golf

Un des plaisirs de séjourner au Gray Rocks Inn l’été, c’est que les amateurs de golf peuvent pratiquer leur sport préféré et ce, depuis 1920. Inutile de dire que les « gens de la place » n’ont pas la moindre idée de ce « jeu » lorsque les propriétaires décident à cette époque de préparer un terrain à cet effet. Par contre, leurs clients américains, fortunés pour la plupart, s’y intéressent déjà ou sont heureux de profiter de leur période de vacances pour s’y initier.

Importé d’Écosse, ce nouveau sport consiste à frapper une petite balle avec un bâton qui ressemble à un hockey en plus court et qu’on appelle club. Pour gagner, il faut envoyer cette balle dans une coupe insérée dans le sol… avec le moins de coups possibles sur un parcours de 18 trous.

Au début, le golf du Gray Rocks n’a que 9 trous que l’on joue deux fois pour respecter la règle. L’amélioration du parcours se fait par étape, à mesure que les standards s’établissent. Le Gray Rocks est quand même le premier à offrir un véritable 18 trous dans les Laurentides.

À la fin des années 1940, le parcours de golf a déjà une bonne réputation. Des clients choisissent spécifiquement cet hôtel pour profiter de ce terrain et des leçons de ses pros.

La pêche et la chasse

La pêche et la chasse sont les activités premières pour lesquelles les amis et clients américains se sont déplacés vers ce coin du bout du monde. Les cours d’eau poissonneux et les forêts giboyeuses ont, bien avant le golf ou le ski, attiré les touristes dans les Laurentides et particulièrement au Gray Rocks.

Le voyage de pêche printanier devient vite un rituel pour plusieurs visiteurs. Aux débuts, les cours d’eau des alentours et le lac lui-même offrent une source prodigieuse de poissons. Bientôt, plusieurs clubs privés accessibles aux Wheeler et à leurs clients multiplient leur chance de succès. Dès les années 1920, au moment où le transport par avion est introduit dans le domaine, la saison et l’éventail des endroits où aller pêcher s’élargissent. Autant la clientèle du Gray Rocks que celle encore plus aisée qui fréquente le Lac Ouimet Club bénéficie de ces excursions aux confins du Grand Nord, jusqu’à la Baie James.

Comme la pêche, la chasse devient vite une activité annuelle que renouvellent les clients. Son développement suit un profil semblable à celui de la pêche : d’abord, les forêts avoisinantes, puis les clubs privés et les étendues nordiques. Chevreuils, orignaux, ours sont d’abord les gibiers convoités mais avec l’ouverture du Grand Nord, l’oie et le caribou s’ajoutent à la liste au grand plaisir des amateurs.

Des avions au service de l’hôtellerie

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Des avions au service de l’hôtellerie

Le fils aîné de George Wheeler, Tom, a appris à piloter dans l’armée de l’air des États-Unis. Les progrès de l’aviation est tel qu’une fois la guerre mondiale terminée, il entrevoit l’immense potentiel du transport aérien. Dès 1919, de retour à Saint-Jovite, Tom envisage l’acquisition d’avions pour desservir l’hôtel et surtout des territoires de chasse et de pêche éloignés. En 1920, il acquiert un premier appareil Curtis JN-4 pour la somme de 700$. Son grand ami, un pilote de guerre démobilisé, Hervé St-Martin, est embauché. En 1921, Tom Wheeler fonde officiellement le « Laurentian Air Services » connu plus tard sous le nom de « Gray Rocks Air Service ». En 1924, un petit aérodrome est aménagé non loin de l’hôtel Gray Rocks. L’entreprise de Tom Wheeler obtient le premier permis d’aviation commerciale du Canada.

D’autres JN-4 sont achetés, et des appareils Curtiss Seagull, Junkers, Travel Air et Waco s’ajoutent à la flotte de la jeune entreprise en pleine progression. Les clients chasseurs et pêcheurs peuvent désormais profiter d’un service de pointe. L’empire Gray Rocks s’étend jusqu’à la Baie James. Plusieurs camps de chasse et pêche jalonnent le territoire et la clientèle bénéficie des meilleurs guides en la personne d’amérindiens Cris.

En 1946, Gray Rocks Air Service devient Wheeler Airlines et de nouveaux appareils viennent accroître et moderniser le parc aérien. En 1952, le transporteur obtient un important contrat d’épandage aérien d’insecticides au Nouveau-Brunswick. Ce contrat nécessite une flotte de 200 avions loués principalement de compagnies américaines. Ce contrat est suivi de plusieurs autres notamment au Grand Nord, Fort Chimo, Knob Lake, Île de Baffin, rivière Great Whale, Goose Bay, au Labrador et à Roberval. Plusieurs petits lacs sont découverts et des aventures de pêche commencent dans ces secteurs. Puis viennent les camps de chasse à l’oie dans la région de la Baie James.

Parmi les employés de 1952, on retrouve les pilotes Charles Forbel, Dorila Théroux, Alfred Cockle, Howard Koller, Tom Watt et Paul Gagnon. Les mécaniciens sont Maurice Cyr, Eddy Austin, Roger Guay, Bert Gregson, Marcel St-Louis, Arthur Stundon et Éric Bentley. L’opérateur de radio est Bill Shaughnessy.

En 1960, la division lourde de la flotte est vendue à Nordair, Tom Wheeler se réservant uniquement le transport léger pour les chasseurs et pêcheurs. Finalement, en 1967, il décide de se retirer et vend le reste des opérations à Power Corporation.

Historique de l’hôtel

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L’historique de l’hôtel

« En 1900, après plusieurs revers successifs – incendie de la première maison, perte de la seconde, mauvaises années dans la coupe du bois -, George Wheeler construit une nouvelle demeure sur un plateau rocheux juste au bord du lac. Quelques années plus tard, au cours d’un terrible feu de forêt, la scierie est incendiée, mais les ouvriers réussissent à sauver la maison. Les Wheeler passent l’hiver 1905 à Montréal. George tombe malade, les affaires vivotent. Lucile Aldridge décide alors de transformer la résidence familiale en une auberge de dix chambres : les visiteurs habituels, qui ne vont pas tarder à se manifester à l’approche de l’été, vont désormais payer leur écot. L’année suivante, en 1906, la municipalité des Cantons unis De Salaberry et Grandison accorde une licence d’auberge à George Wheeler : le Gray Rocks Inn est né. ………   En 1914, nouvel agrandissement : la petite pension se transforme en hôtel de 35 chambres. »1

La région bien pourvue en lacs, rivières et forêts, royaume de la pêche et de la chasse, attire les amis américains des Wheeler et les anglophones de Montréal. Ces visiteurs se concentrent d’abord pendant la saison estivale. Puis, très bientôt, l’auberge ouvre aussi ses portes durant la saison froide, il est le premier établissement laurentien à prendre cette initiative, et la diversité des activités emballe ses clients. Ils peuvent en effet profiter du plein air toute la journée : excursions en raquettes, tours de traîneaux à chiens, glissades époustouflantes, patins et hockey à la grande patinoire sur le lac. Les plus hardis explorent déjà ces nouveautés scandinaves appelées « skis ». D’ailleurs, dès l’année 1920, les premières pentes de ski s’ajoutent à l’éventail des divertissements comme s’est ajouté un golf à l’été précédent et le possible accès à l’auberge ou aux territoires de chasse et pêche, par avion. À l’aube des années 1930, l’attrait des montagnes garantit d’ailleurs un essor formidable au tourisme hivernal, le ski de fond dont plusieurs tracés sont initiés par nul autre qu’Herman Smith-Johannsen (Jack Rabbit) et le ski de piste à Gray Rocks, entre autres, canalisent les villégiateurs.

Les propriétaires et dirigeants de cet hôtel sont constamment à l’affût d’une innovation pour améliorer leur entreprise. D’abord sur la montagne, leçons de ski, 1932, remonte-pente (câble), 1934, école de ski, 1938, T-Bar, 1944 et finalement, en 1950 et 1951, en même temps que l’ingénieuse idée des « ski weeks » se concrétise, l’installation du premier télésiège. Ces forfaits « tout compris » créent un tel engouement que les clients affluent… et exacerbent les inquiétudes de Harry quant au risque d’incendie surtout la nuit. Il n’est pas rare qu’il veille jusqu’au petit matin pour s’assurer que tout va bien. Quel soulagement pour lui lorsque des gicleurs sont installés au moment de la rénovation et de l’agrandissement de l’hôtel en 1955-56. Il peut désormais dormir l’esprit tranquille et continuer de rêver à d’autres projets.

Quant à l’aîné Tom, il se consacre, depuis 1942, à sa compagnie d’aviation Wheeler Air Lines, et aussi avec sa sœur Frances Ellen, à la gestion du Lac Ouimet Club (Le Château). C’est un club très sélect où politiciens et riches hommes d’affaire séjournent incluant l’accès à des territoires de chasse et pêche du grand Nord desservis par les avions de Tom. Même si les deux branches se développent en parallèle, leur complémentarité leur est bénéfique.

Au cours des années 1960, les rênes de l’établissement passent graduellement à la troisième génération, Harry Roberts (Biff) et Frederick Haskel (Tom Jr) se répartissent la direction, le marketing et l’administration générale, ils gèrent les opérations aidés de Basil Brewer. En 1970, Biff et Tom Jr acquièrent les parts de Tom Sr et de grand-mère Lucile et ajoutent celles de Frances Ellen, en 1976. C’est la première fois depuis la mort de George en 1926 que le domaine familial n’appartient qu’à deux personnes, les fils de Harry.

En 1982, Tom Jr part un golf aux Bermudes et Biff rachète ses parts avec l’aide de la Banque de Montréal. Onze ans plus tard, le domaine est vendu en dehors de la famille, à Philippe Robinson, déjà propriétaire du Mont-Blanc, et à Daniel Cordier, actionnaire minoritaire. Ces propriétaires investissent dans l’infrastructure, agrandissent l’hôtel, ajoutent un spa, transforment certains espaces en condos, installent un télésiège quadruple et construisent un nouveau golf, La Bête.

En 2006 sont soulignés les CENT ans de l’hôtel mais de multiples facteurs de conjonctures économiques et autres ont finalement raison de cette légendaire institution en 2009.

1 Danielle Soucy, La vallée de la Diable, de la hache aux canons à neige. p. 153-154. Éditions du Peuplier, 1995.