Historique des croix de chemins à Saint-Jovite

Croix de chemin de la Montée Ryan. (Collection de la SOPABIC)

En 1864, début de la colonisation à Saint-Jovite, la vie de nos ancêtres reflétait une foi vive. Pour eux, la religion catholique était très importante, elle dictait la vie chrétienne qui leur apportait un support moral.En 1868, il n’y avait pas encore d’église, les personnes qui habitaient dans les rangs désiraient un endroit où cultiver leur foi. La coutume, héritée de France, était de planter des croix de chemins au carrefour des routes.

En 1870, le Curé Labelle et son équipe se sont rendus dans le canton de Salaberry pour se reposer et dire sa première messe. L’endroit est encore visible à cause d’un petit monument de pierres, près du ruisseau Clair, autrefois appelé le Crique. Aujourd’hui, on peut visiter l’endroit en prenant la Montée du Curé Labelle à environ 500 mètres de la route 117.

Quelle est l’utilité des croix de chemins?

Ces croix de chemins étaient le point de rencontre des cultivateurs, on s’y assemblait pour partager les nouvelles, prier l’Angelus le midi et le soir. Les cloches de l`église jouaient un rôle essentiel dans les rassemblements au pied de la croix.

Un tintement joyeux annonçait un baptême ou un mariage. Un tocsin annonçait un incendie. Si la grosse cloche sonnait 9 coups cela signifiait le décès d’un homme ou 7 coups celui d’une femme. À l’annonce par la cloche, les gens se réunissaient à la croix et une personne était désignée pour se rendre à l’église où le bedeau donnait le pourquoi du tintement. L’envoyé revenait l’annoncer au groupe.

S’il s’agissait d’un feu, les hommes attelaient leurs chevaux à leur « waguine » en ayant soin de remplir des tonneaux d’eau et de se rendre le plus vite possible sur le lieu de l’incendie. Pendant ce temps, les dames cuisinaient des petits plats et voyaient dans leurs armoires ce qu’elles pouvaient offrir. Les dons étaient apportés au presbytère où le curé s’empressait de les remettre à la famille éprouvée.

Tous les événements indiqués par la cloche étaient célébrés dans la joie, la peine, la charité et l’entraide. Voilà pourquoi, les croix de chemins étaient très utiles. Aujourd’hui, on célèbre le mois de Marie en mai et en juin le mois du Sacré-Cœur en y récitant le chapelet. Grâce aux Chevaliers de Colomb qui les entretiennent et les réparent, cette coutume patrimoniale se perpétue avec encore une quinzaine de croix installées sur notre territoire.

Texte réalisé par Colette Légaré

Monument et croix de chemin sur la Montée du Curé Labelle.

Laurent Godon, un artiste aux multiples idées et une grande vision

Né à Ste-Agathe-des-Monts en 1958, Laurent tombe dans le chaudron des mets savoureux au restaurant de son grand-père maternel, chez Girard, où il passe une partie de son enfance et apprend à apprécier et à faire de la bonne cuisine.

Courtoisie de Laurent Godon

Dès l’âge de 13 ans, il s’occupe de la décoration des vitrines de la boutique de fleurs que possède sa grand-mère paternelle. Grâce à son oncle, il s’installe à Saint-Jovite et devient fleuriste à son tour.Ensuite, il touche à tout toujours dans le domaine artistique: aménagement paysager, décoration extérieure et intérieure surtout pour Intrawest, et de Noël à Place Rosemère pendant 12 ans. Il pratique la taxidermie.

Puis la sculpture sur glace l’intéressant, Laurent Godon se fait conseiller par M. Gohier rencontré par l’entremise de M. Ratelle, grand organisateur du Carnaval de Sainte-Agathe-des-Monts. Comme première expérience, il sculpte le sigle de sa boutique dans 4 blocs de glace de 300 livres commandés à Luc Léonard.

En 1980, il fonde sa compagnie Les Entreprises Laurent Godon. Les propriétaires de Glacier lui demandent de sculpter pour eux 6 modèles à partir de photocopies en noir et blanc. Avec deux ciseaux et une scie à chaîne, ça lui prend 12 heures! Pendant les 18 ans qu’il travaille pour eux, il gagne en vitesse, à 5-7 minutes par sculpture, il en réussit 1500 par an.

Ce talent le mène à la compétition en 1990 : il en sculpte 60 en 15 :53 heures et l’année suivante, bat son propre record, 60 en 15 :10 heures : ainsi élu sculpteur le plus rapide du monde!

En 1992, il récolte la médaille d’or en Chine et, en 1995, en Nouvelle Zélande.

Il crée un spectacle qui l’amène autour du monde. En Argentine, avec Jean Chrétien, il établit une prouesse en se débrouillant avec la glace d’un restaurant car ses blocs ne sont pas gelés, c’est un succès! Il participe également à plusieurs évènements dont la Fête des Neiges de Montréal pendant 28 ans.

Beaucoup de jeunes de Saint-Jovite ont travaillé pour lui dont Luc Brisebois vers l’âge de18 ans, quelques-uns sont devenus sculpteurs comme Julien Doré, Daniel Gaudreau, Réal Fulker et bien sûr son fils Nicolas qui, à 9 ans, était le plus jeune sculpteur sur glace québécois. En 2005, il lui vend son entreprise.

Les enfants devraient être en contact avec toutes formes d’art. D’ailleurs, il estime que la fibre artistique se dessine déjà chez sa petite-fille Anna Eve et en espère autant pour son petit-fils Elian.

À son dire, la confiance accordée par les gens lui permet de créer tous ses projets et sa tête fourmille encore d’idées, nous entendrons parler de lui!

Texte écrit par Louise Royer

Le déneigement de la Route 11

La ligne de chemin de fer du Canadien Pacifique Montréal-Mont-Laurier, aussi appelée « train du Nord » a longtemps été le seul véritable accès hivernal pour les hautes Laurentides. Ce même train qui amène les skieurs dans les années 1930, si important au développement régional. Qui à cette époque aurait prédit que l’automobile l’achèverait? Dès ses débuts, on lui voit déjà de nombreux avantages, comme l’absence d’horaire à respecter et la liberté de ne pas avoir besoin de rails. On a aménagé dans les années 1920 la route 11, aussi appelée route nationale. Mais cette route, on ne pouvait que l’emprunter à l’été et à l’automne, du moins pour la partie au Nord de Saint-Jérôme.

Il faut savoir que le rêve d’une route qui parcourt les Laurentides de Montréal à Mont-Laurier ne date pas d’hier. Dans les années 1920, on tient des expositions automobiles à Saint-Jérôme, et il y a des « vendeurs » d’automobiles jusqu’à Ferme-Neuve. Le ministère de la voirie est créé en 1914 par le gouvernement du Québec et il construit les  routes nationales dès 1920. On procède aussi à l’amélioration de routes existantes en réduisant les obstacles comme les courbes et les pentes. On gravelle par exemple la route 11 entre Sainte-Agathe et Mont-Laurier en 1926. Après 1945, la macadamisation sera la norme. C’est une sorte d’enrobage de bitume et de roche. On peut donc comprendre qu’il est ardu de déneiger ce type de route à l’époque. Rappelons que le déneigement des routes n’est pas la responsabilité du ministère de la voirie à ce moment-là, faute d’achalandage.

La charrue de Gaston Levert en février 1947 à Saint-Faustin. Courtoisie de Yolande Levert

Alors que Joe Ryan lance son centre de ski au Mont-Tremblant à l’hiver 1938-1939, il souhaite que sa clientèle vienne en voiture jusqu’à son complexe de villégiature. Jean-Louis Brissette, industriel de Sainte-Agathe-des-Monts, assure le déneigement pour les hivers 1938-1939. L’opération est dispendieuse, comme le découvrirons les successeurs de Brissette, des hôteliers laurentiens organisés sous la bannière de « Laurentian Winter Roads » de 1941 à 1945. À l’époque, on ouvre la route en hiver avec des camions lourds équipés de grattes mécaniques. Il est impensable de s’offrir des souffleuses à neige, cette invention du Montréalais Arthur Sicard, car elles sont trop chères. Bien que le gouvernement du Québec finance les opérations de déneigement, il reste difficile d’offrir un déneigement adéquat de la route nationale, particulièrement entre Saint-Jovite et Labelle. Sept chambres de commerces tiennent d’ailleurs un congrès à ce sujet à Saint-Jovite en 1947, dans lequel on recommande que ce soit le gouvernement qui s’occupe entièrement des opérations de déneigement pour la route nationale. Cette route que l’on considère « prioritaire », considérant son achalandage de plus en plus élevé par les villégiateurs Montréalais, mais aussi Américains…

Mais attention, « À cent mille à l’heure sur la route 11 » comme le chante Ferland, ce n’est pas encore réalisable!

Texte écrit par Philippe Aubry