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Séjourner pendant l’hiver

Entre 1950 et 2009

Au tout début des années 1950, Harry Wheeler et Réal Charrette imaginent et élaborent un concept qui associe un développement sportif à l’hébergement. L’idée des « semaines de ski » est née et se concrétise en 1951. Génial, ce tout-inclus avant la lettre deviendra la marque de commerce de l’établissement et signera son succès légendaire. La formule de 1951 comprend, pour 49,95$ : l’hébergement, 7 nuits, 6 jours, 19 repas, plus le billet de remontée, les leçons de ski quotidiennes et les divertissements. S’opère alors une véritable révolution, la clientèle américaine est conquise et afflue en grand nombre.

Devant le succès de la formule et la demande grandissante, le Gray Rocks rénove et agrandit son hôtel en 1955-1956. Désormais, les séjours d’hiver se concentrent vraiment sur le ski. Le patin, les glissades, les « sleigh rides » complètent les possibilités mais sont plutôt accessoires. Dans les deux dernières décennies, des activités intérieures vues comme réconfortantes prennent le dessus comme la piscine, le bain-tourbillon ou les massages au spa.

Améliorer l’aménagement de la montagne

Si les séjours d’hiver se concentrent maintenant sur le ski, les infrastructures de la montagne doivent répondre aux attentes.
Déjà en 1950, un premier télésiège est installé, c’est la plus récente innovation dans le domaine. Suivent, échelonné dans le temps, l’ajout d’autres remonte-pentes, l’expansion du domaine skiable et l’installation des fameux canons à neige. Cette invention technologique apparaît sur la montagne pour la première fois en 1963, elle assurera un enneigement adéquat de novembre à avril! En 1969, sont installés un autre T-Bar et les chaises brunes. En 1973, l’ouverture du versant ouest desservi par les chaises vertes est réalisée. Trois ans plus tard, le versant est et les chaises orange font leur apparition. La disparition des derniers T-Bar et du chalet « The Snow Eagle’s Nest », la construction du chalet Lucile Wheeler, l’installation du télésiège quadruple, l’aménagement du « tapis » pour les débutants et de leur parc réservé et les parcs pour planches à neige marquent les dernières décennies de l’exploitation de la station de ski Gray Rocks.

Consolidation de l’école de ski

En 1948, Réal Charrette est le premier Canadien à accéder au poste de directeur d’une école de ski, la Snow Eagle Ski School, l’école de ski du Gray Rocks. Il la dirigera pendant plus de trente ans.
« Pédagogue inspiré, skieur passionné, il valorise les débutants, à qui il veut transmettre l’amour du ski. À la fin d’une session de cours, il réunit tous les élèves et demande qu’on applaudisse la classe des débutants, à qui il souhaite la bienvenue « dans la confrérie des skieurs ». Pour Réal Charrette, un moniteur de ski est un professionnel de l’enseignement qui doit se comporter comme tel. Il exige de ses moniteurs de la discipline, un comportement exemplaire et une tenue vestimentaire idoine : pantalon pressé, bottines astiquées. » 1*

Pendant tout son mandat, Réal Charrette conduit cette école de ski, à la renommée enviable et en fait la promotion chaque automne en parcourant l’est des États-Unis et le Canada. Il visite les clubs de ski, participe aux salons touristiques et prononce des conférences, valorisant continuellement le concept du ski week de Gray Rocks, concept qu’il a lui-même mis sur pied dès ses débuts à la tête de la Snow Eagle Ski school. Peut-être aussi parce qu’il était un rassembleur, l’idée lui est-elle venue d’installer cette fameuse cloche annonciatrice des regroupements pour le début des leçons de ski… toujours est-il qu’elle a rempli sa fonction jusqu’à la fermeture de la station!

Bien sûr, sous sa gouverne, plusieurs assistants se sont succédé pour l’épauler dans sa tâche car l’école compte jusqu’à 50 moniteurs à temps plein, c’est une grande entreprise! Un de ceux-là est Eddy Eustace, c’est lui qui prendra la relève lorsque Réal Charrette, en 1982 accepte la direction du marketing de l’hôtel. Comme l’école a des bases solides, les directeurs s’inscrivent dans la continuité, mais le ski se popularisant de plus en plus, les fins de semaine verront de nombreux enfants envahir la montagne. Des cours de groupe répartis sur plusieurs semaines leur seront désormais consacrés. Les « locaux » investissent les pentes à leur tour et les parents estiment que leur progéniture a une chance inouïe de bénéficier de l’expertise de cette école légendaire.

Pour mener l’école de ski Snow Eagle jusqu’au « final », deux autres directeurs en ont tenu la barre : Wayne Bradburn et Guy Ouimet.

1*. Danielle Soucy, Des traces dans la neige, cent ans de ski au Québec, Les éditions La Presse