Exposition virtuelle Le p’tit Train du Nord
Historique
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Le curé Labelle et le chemin de fer du Nord sont pratiquement indissociables. Le jugeant essentiel à la colonisation des Pays d’en Haut, le
bouillonnant curé défend ce projet avec passion, conviction et opiniâtreté dès 1868. Le train arrive finalement à Saint-Jérôme le 16 septembre 1876 et atteint son terminus, Mont- Laurier, en 1909. Malheureusement, le Roi du Nord ne verra pas son œuvre achevée.
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Avec détermination et un engagement sans relâche, le curé Labelle vise à assurer l’expansion de « son » chemin de fer. Tout se met en place au début des années 1890 pour le prolongement tant attendu. Après Sainte-Agathe en 1891, les colons de Saint-Faustin sont les heureux témoins de l’arrêt de ce géant noir crachant fumée à l’automne 1892. Une jolie gare de style gothique marque le lieu dès l’année suivante.
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En décembre 1892, tandis que l’on termine la construction de la gare, le sifflement d’une première locomotive se fait aussi entendre le long du ruisseau Noir à Saint-Jovite. Un vent d’optimisme souffle sur la population. Le jour de l’inauguration officielle, le 26 octobre 1893, malgré l’absence du regretté curé Labelle, une foule fébrile se réjouit et fête fièrement l’arrivée des gros chars dans sa localité et dans celle de Chute-aux-Iroquois (Labelle). Cette dernière demeure le terminus de la ligne pendant quelques années.
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Le chemin de fer du Nord sert d’abord au ravitaillement des premiers colons. Il rend aussi possible les visites aux familles éloignées, l’accès à l’hôpital en cas de maladie grave ou une communication rapide par télégraphie. Il régularise l’arrivage du courrier et permet également le transport de bois vers Montréal. À Saint-Jovite, la compagnie Perley d’abord, puis la C.I.P profitent de ce précieux avantage. En plus de leurs bureaux, les dirigeants installent leurs résidences, un temple et une école à proximité de la gare.
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Presque tous les villages le long du chemin de fer sont le centre d’une exploitation forestière. La plupart des colons complètent leur maigre revenu en devenant bûcheron pendant l’hiver. Mais le train du Nord permet aussi très tôt l’établissement de lieux de villégiature et de clubs de chasse et de pêche.
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S’ajoute l’engouement pour les sports d’hiver vers 1925.
« Puisque la route n’est accessible l’hiver qu’à partir de 1937, une infrastructure d’accueil est mise en place, grâce au tourisme d’hiver et les deux industries, touristique et ferroviaire se développent parallèlement. » C’est une période de grande effervescence et de développement touristique.
(Société d’Histoire de Chute-aux-Iroquois, Le train du Nord…vers…Labelle)
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Le populaire P’tit Train du Nord connaît ses heures de gloire entre 1930 et 1950 et ses « trains de neige » amènent de nombreux skieurs dans les Pays d’en Haut. Le cœur est à la fête et souvent musique et chansons fusent pendant le trajet. Beaucoup de gens de Montréal descendent à Shawbridge (Prévost) pour s’engager sur la piste Maple Leaf, tracée par le légendaire Herman Johannsen (Jackrabbit); d’autres poursuivent leur trajet pour des séjours en hôtels comme au Gray Rocks à Mont-Tremblant.
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L’amélioration du réseau routier et la concurrence des autres moyens de transport ont raison des convois de passagers dans les années 1960 mais les frets de marchandises se poursuivent. En 1984, la compagnie met complètement fin au service ferroviaire sur cette ligne. Les années 1990 voient le démantèlement des rails, l’abandon des gares, leur reconversion ou même leur déménagement comme celle de Saint-Jovite. Elles voient aussi naître un projet audacieux : former un parc linéaire destiné aux activités de randonnée.
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Un beau dimanche de septembre 1996, à la pisciculture de Saint-Faustin a lieu l’inauguration du parc linéaire, le P’tit Train du Nord. Un peu plus de 100 ans après celle de l’arrivée du train aux gares de Saint-Faustin, de Saint-Jovite, de Mont-Tremblant et de Labelle, villageois et touristes fêtent à nouveau le début d’une ère nouvelle, remplie de promesses à la découverte des terres du Nord. Aujourd’hui, sur un peu plus de 200 km, il est encore possible de parcourir le trajet des trains d’antan et de garder le rêve du curé Labelle bien présent au cœur des Laurentides.