Le carême

Dans nos bonnes paroisses catholiques, la messe du mercredi des Cendres marque le début du carême. Pendant cette cérémonie, le curé trace sur le front de chacun des participants, une petite croix avec des cendres et prononce les paroles rituelles : « Rappelle-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». Ces paroles soulignant notre état mortel renforcent l’incitation aux sacrifices et aux privations dont les prochains quarante jours doivent faire l’objet. Ce digne temps de préparation conduit à la plus importante fête du calendrier liturgique, la fête de Pâques.

Chaque personne est encouragée à prendre des résolutions toujours dans l’idée de faire pénitence. À la portée des enfants, ne pas manger de bonbons, effectuer les tâches assignées ou les devoirs avec application et sans rechigner, ajouter une prière à celles déjà récitées et, bien sûr, s’accorder avec ses frères et sœurs demeurent les plus choisies. Les adultes ne sont pas en reste, les hommes coupent souvent l’alcool, les blasphèmes et le fumage, cigarette ou pipe; les femmes arrêtent les sucreries, sont moins coquettes ou retiennent quelques commérages. C’est une période où les rencontres entre familles ou amis, pour danser, faire de la musique ou jouer aux cartes sont mal vues et pratiquement interdites.

Ces résolutions personnelles s’ajoutent à la prescription de l’Église de jeûner tous les jours sauf le dimanche, en plus de « faire maigre » le vendredi. Les rations de chaque repas, pas toujours généreuses, sont réduites pour s’y conformer. Au déjeuner, un peu moins de pain, de « soupane » ou de lard; le midi et le soir, en plus de portions diminuées de soupe, de viande et de légumes, le dessert est souvent sacrifié… Au menu des repas des vendredis se succèdent les fèves au lard (sans le lard), les omelettes et toutes sortes de plats de poisson, des petites truites rôties à la poêle au pâté maison… L’exception du dimanche permet de mieux se remplir l’estomac avant d’affronter une autre semaine de jeûne!

Durant la dernière semaine, l’espérance « du retour des cloches de Rome » annonçant la fin du carême grandit quotidiennement. Pendant que les jours saints ramènent les familles à l’église pour les célébrations relatant la passion du Christ, les cloches demeurent toujours silencieuses… Mais, le samedi, sur l’heure du midi, enfin les envolées sonores se font entendre et délivrent chacun de ses privations! Après de bons repas, parents et enfants assistent solennellement à la veillée Pascale. La cérémonie empreinte de symboles de renouveau évoquant la Résurrection et la messe diacre sous-diacre sont grandioses. Pour être à la hauteur, l’église s’est parée de lys blancs et les paroissiennes… de leurs traditionnels chapeaux de paille aux garnitures fleuries!