La vie religieuse

« Une famille qui prie est une famille unie. »

Ce dicton populaire est à l’image de la société de l’époque où domine la religion. Elle dicte les comportements, imprègne les pensées, module les étapes de la vie.   Les enfants entrent de plein pied dans cette atmosphère pieuse par le baptême, par les visites à l’église avec leurs parents, par les prières récitées à la maison. Même l’enseignement vise d’abord d’en faire de bons chrétiens, il est très important de savoir son petit catéchisme et de connaître les sacrements et leurs significations. Chacun, par l’exemple et la répétition, apprend et intègre les implications liées à la vie chrétienne.

 

Les sacrements

Porter son enfant aux fonts baptismaux dès le lendemain de sa naissance est le devoir du père. En effet, la mère ne peut assister au baptême si vite après l’accouchement mais signifie souvent le nom choisi au père. Le prêtre baptise donc ce bébé tout mignon, revêtu pour l’occasion du beau set de baptême brodé, selon la recommandation maternelle… ou selon le saint du jour… car avec les familles nombreuses parfois l’inspiration venait à manquer! Mais finalement, ce qui importe, c’est qu’il soit devenu enfant de Dieu ce jour-là…

Et ça, c’est absolument nécessaire pour recevoir les autres sacrements dont les trois suivant pendant l’enfance : l’Eucharistie, la Confession et la Confirmation. Les familles s’associent étroitement à leur enfant en ces moments clés de la vie religieuse mais n’en ont pas la charge. Ce sont les titulaires qui préparent les jeunes pour ces sacrements. Ils leur en enseignent la signification, leur font apprendre par cœur la section du petit catéchisme s’y rapportant puis les pratiquent pour le jour désigné. L’élève répète plusieurs fois la prière d’introduction et l’acte de contrition pour pouvoir se confesser habilement mais le plus stressant reste à « trouver » les péchés… notion difficile à saisir pour un enfant de six ans. Pour l’Eucharistie, le stress réside dans l’acte même et il est double, ne pas boire d’eau après minuit pour respecter le jeûne prescrit avant de communier et réussir à avaler l’hostie sans la croquer. Heureusement, les parents habitués à ces rituels les aident à dédramatiser. Ils rappellent à leur fille qu’elle sera l’honneur de la famille dans sa robe blanche ornée de dentelle et assortie d’un voile brodé… ou à leur fils qu’il aura l’allure d’un homme dans son habit, avec sa cravate (ou son nœud papillon) et son brassard blanc.

La Confirmation n’a lieu qu’aux quatre ans et regroupent donc des jeunes de différents âges. C’est l’évêque qui administre ce sacrement et les enfants le voient souvent pour la première fois. Dans ses habits d’apparat, avec sa mitre et sa crosse doré, il est imposant et intimidant. La tâche des enseignants consiste à démystifier ce décorum et à expliquer pourquoi cet homme inconnu pour eux leur fait une petite croix sur le front et surtout leur donne un « soufflet » (une claque) sur la joue!

Autres implications religieuses

La famille de par sa pratique entraîne l’enfant à s’impliquer en tant que chrétien. L’entraide et la générosité prédominent dans les valeurs transmises ainsi que le sens du devoir.

Tout petit, l’enfant est initié à la prière par les mots que sa mère lui fait adresser au petit Jésus avant de s’endormir. Puis, plus grand, il se joint aux parents et à sa fratrie, s’agenouille et prie avec eux avant de continuer par la récitation du chapelet en famille avec le Cardinal Paul-Émile Léger, émission diffusée à la radio chaque soir à dix-neuf heures. Pour s’acquitter de cette tâche pieusement, chacun possède son chapelet et l’enfant l’utilise aussi à l’école, chaque jour après la récréation du midi.

Les parents aiment bien confier leur enfant à la protection de Marie et Jésus en leur faisant porter un scapulaire. À cela s’ajoute une petite pochette des médailles de la Vierge Miraculeuse et des saints comme mesure additionnelle pour éviter accidents et malheurs.

Lorsque l’enfant est d’âge scolaire, la famille et l’école l’intègrent dans les rituels religieux dont la messe dominicale. Filles et garçons se placent au jubé avec les religieuses et les religieux pour suivre la cérémonie et chanter certains cantiques. Ils imitent leurs parents en allant communier chaque dimanche dès la première communion passée. Seul les garçons ont le privilège d’être enfants de chœur et de servir cette messe officiée par le curé ou son vicaire. Cependant, les filles comme les garçons peuvent faire partie d’associations religieuses qui leur sont destinées comme les enfants de Marie ou les Croisés.