La plus jolie église du Nord!

À la mission du Grand-Brûlé, le jeune abbé Ouimet est fier de célébrer sa première messe paroissiale au second étage du presbytère, dans la vaste pièce à peine finie où des madriers sont posés sur des bûches en guise de bancs. Il a judicieusement choisi la date, le 15 février 1880, jour même de la fête religieuse des frères martyrs Jovite et Faustin. En 1882, la nouvelle paroisse compte déjà 150 familles et la chapelle devient vite trop petite.

L’année suivante, Mgr Thomas Duhamel accorde la permission au curé Ouimet d’ériger une plus grande église. Il insiste pour qu’elle soit construite en pierres, « semblable à celles des vieilles paroisses de la vallée du Saint-Laurent ».

Mais il faut trouver de l’argent! La Fabrique vend donc cent arpents de terrain à François Léonard au prix de 1 200 $. Celui-ci accepte en plus de scier gratuitement le bois nécessaire à l’édification de l’église. Les familles ne sont pas riches, mais elles sont heureuses de contribuer pour un beau monument de pierres, une belle église paroissiale digne de leur foi et de leur courage. Elles font beaucoup de sacrifices pour y arriver. En 1887, les travaux débutent officiellement et les entrepreneurs Martineau et Fauteux en assurent la construction pour un coût d’environ 20 000 $.

Deux années plus tard, le 19 décembre 1889, devant une foule considérable venue de tous les coins de la Rouge et de la Diable, c’est un curé Labelle ravi et fier de ses ouailles qui bénit solennellement la nouvelle église. Cérémonie émouvante qui représente, pour le nouveau « Monseigneur », la consécration de l’œuvre monumentale à laquelle il se dévoue corps et âme : coloniser le Nord. De leur côté, les paroissiens s’enorgueillissent de cet exploit. Ils ont réussi à édifier une église de pierres, symbole de prospérité, seulement quinze ans après l’arrivée des premiers colons. Alors même si l’ouvrage n’est pas tout à fait complété, le cœur est à la fête. Tous les gens sont fébriles et célèbrent avec joie cet accomplissement!

Le parachèvement de l’édifice se fera dans les années suivantes, la sacristie dès 1890 et la finition intérieure en 1896. Ce beau bâtiment répondra aux besoins de la paroisse jusqu’en 1930.